« Although I do little weird things on the guitar, it’s very much a party tool. Whereas with the piano, it’s much more complex. I don’t really have a relationship with the guitar: it’s like my slutty lover, whereas I’m married to the piano »
( « Même si je sais faire quelques petits trucs bizarres avec ma guitare, c’est plutôt comme un jouet festif. Alors qu’avec mon piano, c’est bien plus complexe. Je n’ai pas vraiment de relation avec ma guitare, elle est comme une pu*** de maîtresse, alors que je suis marié à mon piano ». Rufus Wainwright, interview de Barney Hoskyns, pour Rock’s Backpages, Juin 2001)

Si vous avez la chance de voir un jour Rufus Wainwright sur scène, vous serez sans doute frappés comme je l’ai été par la relation entre lui et son piano.

C’était un soir de mars 2005 (arf, presque un an déjà ! ! !), et un étrange enchaînement de circonstances m’avait menée à l’Olympia, pour le concert de la coqueluche pop anglaise du moment : le groupe Keane. Pas de siège, arrivée à la dernière minute, je me retrouve en fosse au fond de la salle. Un type est déjà assis sur scène, dans l’habituel brouhaha des premières parties, les gens qui se rejoignent, qui fument, qui boivent leur bière et qui discutent comme au pub. Lui est là, face à son piano. Un piano à queue sublime, de ceux qui font rêver même quand on ne sait rien jouer de ses dix doigts : imposant, noir, rutilant, éclatant comme un miroir. En accord parfait avec l’instrument majestueux, la voix grave et profonde chante des mots en latin, emplit mon ventre et ma poitrine. Inattendu. « Aaaaaa-a-a-aaaaaa Aaaaaa-a-a-aa Aa-a-gnusss, Aa-a-gnusss De-e-iiiiiiiiiiiiiiii … ».

C’était Rufus. Qui faisait corps avec son piano. Et avec lequel j’ai vécu cette expérience encore trop rare en concert. Hypnotique. Celle où l’artiste nous embarque complètement dans son univers, nous touche, nous bouleverse, nous hante et pour finir ne nous lâche plus jamais.

Inconnu la veille, j’ai acheté ces quatre albums dans la semaine qui a suivi.

Je ne vous souhaite rien d’autre que la chance de faire ce genre d’expérience.

Peut être avec un autre.

Peut être avec lui.

Et je vous souhaite de le rencontrer sur ce morceau là, en live, et au piano.

Allez, ce n’est sans doute pas très vendeur mais pour moi c’est plutôt très précieux : http://www.savefile.com/projects.php?pid=224797