Bertrand Belin @ la Cigale – 8 avril 2011

Bertrand Belin @ La Cigale 2011

 

 

 

 

 

 

Certains artistes sont plus riches que d’autres. Bertrand Belin est de ceux là, dont on apprend à chaque étape d’un apprivoisement lent mais définitif, dont on goûte chaque fois un peu plus des détails propres à attacher davantage.

Après un album déjà différent de tout ce qui peut s’écouter aujourd’hui, Bertrand Belin a surpris un peu plus encore lors d’une Cigale enthousiaste à applaudir debout.

 

 

Bertrand Belin @ La Cigale 2011Si sur disque, la classe des plus grands frappe l’oreille, sur scène, c’est la grandeur de l’homme-artiste qui s’est imposée à Paris de la plus éclatante des façons. Des chansons, on avait retenu un côté érudit sans doute un peu intimidant. Or le concert se charge de faire sauter les barrières et de remettre l’homme à l’honneur, un homme qui s’affirme paradoxalement aussi impressionnant qu’abordable. Avec ses bottes pointues en cuir beige et son jean, Bertrand Belin modère un peu l’élégance de sa veste, ce soir d’un bleu roy qui contraste avec le rouge éclatant de sa chemise ouverte. A la fois emporté les yeux fermés dans ses chansons, il plaisante facilement entre deux tout en accordant sa guitare, faisant rire un public au départ légèrement déstabilisé par un humour auquel rien ne le préparait réellement. A la finesse de la musique s’ajoute alors la réalité d’un auteur, riche en effet de son histoire d’homme, multiple, aux racines modestes et profondes, et qui, tout à la fois, s’est construit seul en apprenant, comme s’il était simple de s’élever en somme, comme si rien n’était plus naturel.

Bertrand Belin @ La Cigale 2011Bertrand Belin a grandi dans un univers de pêcheurs et de la mer, il tire sans doute cette force qui émane de lui et irradie formidablement. Sa façon de se tenir sur scène, les jambes écartées, à la fois bien plantées et toujours en mouvements, dansant avec sa musique est fascinante. Il en ressort une assurance tout à fait hors norme, de celle dont seuls ceux qui ne doivent rien à personne peuvent se prévaloir. D’album en album, l’évolution de celui qui a pris son temps pour cesser de n’être que le musicien des autres pour porter ses propres chansons est nette. Le cocktail, fait de subtilité et de virilité, d’ésotérisme et de simplicité terrienne, d’élégance et d’authenticité, n’est pas loin, désormais, de la perfection : Bertrand Belin séduit immanquablement.

 

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Bertrand Belin @ La Cigale 2011Au-delà de la rareté de ce genre de rencontre, la complicité qu’entretiennent les musiciens ajoute encore à la qualité du spectacle. Mention spéciale pour l’extraordinaire Tatiana dont la voix est aussi belle que son toucher de batterie est délicat. L’alchimie avec Bertrand Belin est totale, et le mariage avec le velours de sa voix à lui (son côté Yves Montand) est magnifique. D’elle, du guitariste, du clavier ou de la violoniste, Bertrand Belin @ La Cigale 2011on ne saurait dire qui a le plus de plaisir à être là, tant le bonheur de jouer ensemble est visible. Musicien parmi les musiciens, à la guitare, Bertrand Belin est indiscutablement virtuose. Son jeu est comme tout le reste, très particulier. Ainsi, ses doigts virevoltent sur la rosace puis arrêtent les cordes en cadence, marquant un rythme dont il faut dire qu’il très différent de l’album ; possiblement un peu trop rapide pour des parisiens qui avaient peut être aimé cette atmosphère de quiétude et un disque qui prenait son temps, loin de la folie de la grande ville.

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Bertrand Belin @ La Cigale 2011

Entamant le set avec le très à propos Te revoir, Bertrand Belin ne s’est pas contenté de chanter son dernier album, jouant notamment La Perdue et Le Colosse, de quoi contenter ses fans de la première heure. Au rang des moments les plus intenses, Hypernuit (le single), mais aussi Neige au Soleil avec son joli « Je jure qu’avant le soir je t’aurais touché la main …» relayé par un classieux dialogue clavier / violon, et surtout le très émouvant Ne sois plus mon frère, dernier titre avant un premier rappel et un tonnerre d’applaudissements.Bertrand Belin @ La Cigale 2011 « On voudrait faire les habitués mais … on est émus jusqu’aux os » avoue t’il avant de repartir de plus belle jusqu’au truculent T’as l’vin t’as pas l’vin, une nouvelle ovation et forcément, un deuxième rappel. Fin avec la reprise de Melocoton de Colette Magny, en duo avec un poète maudit, celui de la première partie : « Pour vous saluer, recevez à nouveau mon ami RED, pour cette chanson assez ancienne que nous aimons tous les deux  ». Personne, pourtant, ne semblait avoir envie de partir.

« C’est bon. C’est bon la musique ». On ne peut qu’être d’accord avec le grand, le très grand Bertrand Belin qui décidément, ne ressemble à personne.

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Article publié pour Discordance.fr

Texte, photos et vidéos (c) Isatagada (plus sur Flick’r et Youtube)

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