Joseph Arthur – The Graduation Ceremony

Si on a pu un temps confondre prodigue et prodige, c’était bien à propos de Joseph Arthur.
Le quiproquo aurait pu durer longtemps, surfant sur la vague « petit génie américain », dans la lignée des Ryan Adams, Rufus Wainwright, ou autres Sufjan Stevens lesquels, comme chacun sait, écrivent des chansons comme d’autres respirent.

Au sujet de Joseph Arthur, on était resté sur une sorte de vertige avec l’excellent Temporary People. Ebloui par ce très beau disque, un rythme aussi extravagant de sorties d’albums (près d’une vingtaine d’EP et albums en quinze ans), par le dithyrambisme du découvreur de talents Olivier Bas lors de Fnac Indétendances 2009 (paix à ton âme, pauvre festival si cruellement amputé) et la présence d’une bassiste aux jambes interminables, par les instruments érudits (piano, violon, violoncelle), on ne s’attendait à rien d’autre qu’à de grandes choses.

Un tel artiste, il faut bien l’avouer, a de quoi séduire le cerveau à 100% – et d’avance,  aussi aveuglé qu’on puisse l’être par cette envie de faire partie de l’intelligencia qui sait et comprend le poor-lonesone-singer-fucking-song-writer.

Cruelle déception, donc, que The Graduation Ceremony. Ce n’est pas faute de l’avoir écouté, non. On connait sans doute les chansons par cœur, c’est juré. Mais quoi ? Tout ça pour ça ? Il suffit de remettre sur la platine l’album précédent pour se rendre compte à quel point la tonicité a disparu pour laisser la place a une sorte d’ensemble qui trainasse et s’étire à n’en plus finir. Quelle platitude absolue, quel vide abyssal ! Quel manque total d’émotion à l’écoute de ce disque. Et quel ennui surtout, mon Dieu quel ennui !

Pire, la folk normalement plutôt classieuse du Monsieur tourne ici à la pop grassouillette, un peu comme si, s’attendant à du Ben Harper (en compagnie duquel il joue dans le projet Fistful of Mercy – avec également Dhani Harrison, le fils de George), on tombait finalement sur Elton John, le talent de mélodiste en moins.

Que dire des paroles qui racontent cette avalanche de déceptions sentimentales sinon qu’elles sont absolument affligeantes. « Pick Up your phone / I know you’re home » (Call) « mostly you get what you want, that’s the way it is … » (Face in the crowd), « you betrayed me, you’re the only one I let inside » (Watch our shadows run) non vraiment, on n’avait pas le souvenir d’un chanteur cul-cul la praloche à ce point !

Love love love. L’amour, thème majeur du disque, dégouline de partout sans toucher jamais. On se croirait encore à l’école en effet, mais bien avant « graduation » – celle de la période « CollègeHighscool » plutôt que « College »…

Joker pour cette fois donc, malgré un bel objet qui met à l’honneur les talents de peintre de l’artiste, et une voix toujours aussi intéressante.

Pas très grave, allez. On attendra bien le prochain album !

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Article publié sur et pour Discordance.fr

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