Tamino – 2ème album « Sahar »

Dans son dernier supplément Sortir, rubrique « concerts », Telerama l’a classé dans la rubrique « musiques du monde ».

De son père et son grand-père, Tamino a en effet hérité ses racines égyptiennes comme de leurs instruments : un oud pour le premier, une guitare à résonateur pour le second.

Pour autant, ses influences moyen-orientales sont moins présentes dans ce nouvel album, sorti le 23 septembre. Ce qui ne l’a pas empêché d’offrir A Drop Of Blood en exclusivité mondiale pour l’ouverture de son retour sur scène, au Café de la Danse, en juin dernier, après un 1er extrait sous influence également : The First Disciple.

Pour le reste, Sahar revient plutôt pêcher du côté de culture occidentale, avec notamment ce Fascination totalement addictif, porté par un clip en forme de road trip à l’américaine, hommage à cette autre qui l’éclairerait et posséderait tant de qualités dont il serait dépourvu.

I’ve seen enough / To know where I belong / And then you prove me wrong

Si Sunflower, en duo avec Angèle, nourrit l’apport Belge, ce n’est pas le meilleur atout de l’album. Mais à nouveau, on retrouve sur plusieurs titres le timbre et la façon de chanter de son autre compatriote, Maarten Devoldere, du groupe Balthazar.

Tamino, de toute façon, n’aime pas être catalogué. Jamais il ne surjoue, ne surexploite ses atouts, ne tombe dans la démonstration de force. Certes, ses origines sont en partie égyptiennes, mais ne l’attendez pas systématiquement sur des chansons arabisantes. Oui son amplitude vocale, qui lui a valu tant de comparaisons avec Jeff Buckley, est impressionnante, mais ne pensez pas qu’il usera et abusera des vocalises éblouissantes déjà servies avec Habibi.

C’est sans doute cette indépendance d’esprit qui a, entre autres, conquis Colin Greenwood, le bassiste de Radiohead, qui collabore cette fois très largement à l’album.

Ce dernier, écrit et composé pendant l’isolement de la pandémie, a permis a Tamino de se livrer à une introspection qui lui convenait parfaitement. Les chansons qui le composent sont en effet le reflet de l’intimité d’un artiste sincère et d’une belle complexité, à la fois jeune et mâture, naïf et lucide, réservé et pourtant prolifique, humble autant qu’ambitieux. Son titre « Sahar » signifie « avant l’aube », ce moment où la nuit est la plus noire mais où elle n’a jamais été aussi proche de l’arrivée du jour. Un entre-deux à la fois sombre et plein de promesses.

Ces promesses de l’aube sont le résultat d’un combat contre des démons, que l’on imagine à la fois intérieurs et proches, comme sur « You don’t own me », avec son piano, ses arrangements de cordes classiques et classieux, et des paroles qui trouveront forcément écho en nombre de ceux qui l’écouteront.

Ce faisant, Tamino réalise son souhait le plus ardent : écrire des chansons dans lesquelles chacun pourraient se reconnaître, touchant à une sorte d’universalité.

Avec la tournée à venir (le Trianon les 21 et 22 novembre 2022, le Bikini le 15 mars 2023, le Zénith de Paris le 24 mars 2023), il aura sans doute l’occasion d’atteindre davantage de monde encore, du haut de ses tout juste 26 ans.

Un prodige, à la voix hors du commun, qui en a encore sous le pied.

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