
Trois ans bien sonnés après l’acclamé When I Have Fears, The Murder Capital a récemment sorti trois titres dont deux très convaincants, à faire piaffer d’impatience. Je passe sur le 1er, qui m’a laissée relativement indifférente, pour vous hurler mon enthousiasme quant à ceux qui ont suivi. Accrochez-vous.
On commence avec A Thousand Lives, à l’intro de batterie jubilatoire, qui fait furieusement penser à Weird Fishes de Radiohead.
Rien que cette batterie provoquerait une jouissance suffisante en soi, sauf que comme si ça ne suffisait pas, les guitares rejoignent la danse. La première est provocatrice, un peu rauque, comme si elle avait besoin d’en découdre. La seconde, qui lui répond, joue dans une toute autre sphère, joyeuse et onirique. On a déjà envie de crier au génie.
La voix singulière de James McGovern plie le game, intense, fascinante, à la hauteur des paroles formidables d’un titre qui nous éblouit par tous ses aspects. Scandées par ce leader parfait dont le chant épuré prend aux tripes, elles sont tantôt d’un lyrisme assumé (Our nightmares are wonder-ful skies dreams in thunder / With crystals forming on your cheeks, my love) tantôt aussi incisives que le punk devrait toujours l’être (I’d like to remind you of this / Beside you, I die to exist).
Quelques nappes de clavier caressent l’ensemble, avant une dernière partie où les instruments se rejoignent en une furieuse apothéose, telle que seuls de vrais potes peuvent en créer.
Quand sonne la fin du morceau, il n’y a qu’une seule chose à faire : activer le mode repeat. Jusqu’à plus soif.
Ethel, le 3ème et dernier extrait balancé par le groupe, n’est pas le dernier pour rien. Accompagné d’un clip qui suscite une vraie sensation de malaise c’est le genre de titre qu’il est aussi difficile d’aimer à la 1ère écoute que de ne pas totalement adorer ensuite.
C’est pourtant ce clip qui offre la plus fantastique des portes d’entrée à la chanson, illustrant à la perfection les influences majeures du groupes, plus littéraires et cinématographiques que musicales.
Tout est merveilleusement dérangeant, les mots qui sortent de la bouche de l’acteur, le chant de James Mc Govern, étrange, presque faux, l’atmosphère malsaine, à la Handmaid’s Tale, qui règne dans la maison et entre les personnages, la grille extérieure et le rire typiques des films d’horreur ; tout, on vous dit. Le rythme martelé, lent au départ, puis plus rapide, explose dans un crescendo de danse cassée autant que de musique. Tout est si bizarre. Et comme on a envie de revoir et de réentendre, pour comprendre, pour en profiter toujours un peu plus, un peu mieux ! Comme on aime être bousculé, en fait !
Pas étonnant que le chanteur le présente en live comme son « titre préféré ». On a envie de crier au génie. Quel pied.
Le nouvel album de The Murder Capital, Gigi’s Recovery sera disponible le 20 janvier 2023.
Soyez prêts !