
Il y a des gens pour qui on a de l’affection. C’est souvent immédiat et puis, on pourrait, mais on n’a pas envie de l’expliquer. Ça existe. C’est suffisant.
En 20 ans (et des poussières) de musique, j’ai croisé beaucoup de monde. Certains m’ont marquée plus que d’autres.
Je n’ai jamais écrit sur NESLES (pardon). A l’époque, Anthony Fletcher occupait tout entier mon rayon « chanson en français ». Ils avaient la même attachée de presse, Flavie Rodriguez, dont les qualités humaines n’avaient d’égales que ses compétences pro. Elle n’obtenait pas seulement de la presse pour ses artistes, elle pouvait aussi les faire inviter sur Inter pour des émissions live ; elle obtenait des résultats tangibles ; elle m’impressionnait.
Grâce à ce lien, Florent NESLES et moi avions échangé un peu, sans nous rencontrer. Jusqu’à ce concert d’Anthony Fletcher à la Java en novembre 2009.
Je me souviens que nous avions devisé longuement, de la musique qu’on a dans les tripes même si on n’en vit pas (« Il faut être prêt à se loger petit, et à manger des pâtes »), de Rufus Wainwright qu’il avait vu au New Morning pour son 1er album, et d’autres plus petites choses qui font que la conversation est fluide et la connexion, immédiate.
Il ne l’a jamais su, mais je n’ai jamais oublié cet échange. Chaque fois que j’ai rencontré des artistes qui ne vivaient pas de leur passion comme ils l’auraient voulu, j’ai repensé à lui, qui n’avait pas de plan B et n’y aspirait pas vraiment. A lui qui savait que, quelque part, le vrai bonheur était ailleurs que dans le confort materiel.
Je l’ai admiré pour cette sagesse. J’aurais aimé avoir la même. J’espère que je ne me trompais pas, mais j’avais la sensation qu’il avait tout compris, et qu’il était heureux.
J’ai toujours glissé facilement dans le romantisme. Après tout, on peut bien rêver un peu.
C’était il y a plus de 15 ans.
Et puis la semaine passée, le partage d’un article de webzine, dont la lecture m’a régalée comme ça n’arrive que trop peu souvent.
Le genre d’article parfait, dont la langue est fluide, la longueur, idéale, les mots et rares références (littéraires, musicales) choisis avec soin. Le genre d’article parfait, aussi (surtout) parce qu’il met en valeur l’artiste. Parce qu’il donne envie d’écouter :
J’ai souri en me remémorant cet autre sujet de conversation avec Florent, au sujet des blogueurs (« les gens qui ont des blogs et qui croient qu’ils savent écrire »).
Bien évidemment, Stéphane Reignier n’est pas concerné.
Allez le lire !
Et allez écouter NESLES !
Cette classe dans l’écriture et la voix, cette subtilité dans le minimalisme addictif de la musique, ce talent aussi humble qu’il est indiscutable – et ce n’est pas Dominique A qui dira le contraire.
Cerise sur le gâteau, ces passages qui me font penser à Instant Street de dEUS.
J’y crois, aux choses qui durent, aux histoires de fidélité.
Je te souhaite le meilleur, Florent, pour ce nouvel album.
Rendez-vous le 30 mai 2025 !