Allons allons, je sens que je vais faire grincer quelques dents avec un titre pareil ! ! !

J’arrête tout de suite les ronchons. D’accord, Rufus est un génie, pour certains il est même à l’extrême pointe de la mode, je ne vais pas me battre là dessus. Vous admettrez tout de même que ses prestations scéniques ne sont pas toujours du meilleur goût, même si c’est aussi pour ça qu’on l’aime et surtout pour ça qu’on fonce le voir à chaque fois (n’est-ce pas ?).

Quelques morceaux choisis :

22 mars 2005.

Après mon moment de jouissance cérébrale intense (l’Agnus Dei de l’Olympia, j’en parle à toutes les pages), j’ai encore en mémoire sa blague subtile, « en français s’il vous plaît » qui m’avait laissée perplexe. A peu de chose près, l’histoire donne quelquechose dans ce goût là :
C’est une prostituée qui racole dans les rues. Elle est hyper maquillée, porte une mini jupe plus que suggestive et un tee-shirt flash et ultra moulant, avec écrit « JESUS » en gros. Jésus, justement, passe par là et outré, s’approche d’elle : vous ne pouvez pas porter le nom du Christ comme ça enfin ! ! ! Et elle de répliquer « ah bon ? mais je croyais que c’était écrit « Je suce » (accent canadien accentué à dessein).
Ah-Ah-Ah …
De là où je me trouvais, c’est à dire debout tout au fond de la salle, je n’avais perçu qu’un silence gêné dans l’assistance. Ce que ne démontre pas (bien au contraire) l’enregistrement d’une amie dont je n’ai pris connaissance que la semaine dernière et que vous pourrez télécharger en cliquant ICI. Les gens semblent rire de bon cœur, contrairement à mon souvenir. Il faut cependant préciser qu’elle se trouvait au pied de la scène, ce qui explique peut être la présence de quelques « habitués » déjà tout acquis à la « cause Rufus ».

11 mai 2005. La Cigale.

Je restais encore sur mon impression de Rufus-flatteur-d’ego-intellectuel, ayant sans doute fait un blocage psychologique sur sa fameuse blague.
Pas d’histoire fumeuse cette fois-là, mais, au milieu des balades parfois déchirantes ou de titres plus enlevés (voir le compte rendu du concert ICI ), hum, un strip-tease délirant ! C’est Old Whore’s Diet qui donne au sieur Wainwright le prétexte de son petit numéro, sous les applaudissements nourris de ses fans les plus ardents. Se débarrassant de ses encombrants vêtements, il laisse apparaître des mi-bas rayés rouges et blancs, un string bleu pailleté qui brille de mille feux, chausse des hauts talons rouge étincelant et se pare de colliers et autres bijoux, avant d’enfiler une paire d’aile, un diadème, et de brandir une baguette digne d’une fée de boulevard.

28 novembre 2005. Le Casino de Paris.

Je le sais à présent, Rufus Wainwright n’est pas seulement un compositeur rare, capable de vous captiver au point parfois d’en oublier de respirer, mais aussi un joyeux troublion aux idées les plus loufoques. Que va t’il nous inventer cette fois-ci ?
Prête à fournir la salle entière en diadèmes pour saluer sa performance, j’attends avec impatience le 1er compte rendu de sa tournée d’automne (pas en France évidemment). Brillante idée ! Car qu’aurait donc pu faire le public du Casino de Paris avec quelques centaine de diadèmes désormais inutiles ?
Exit le strip-tease en effet, place à la danse façon « activité club-med » du soir, suivie d’une crucifixion du meilleur goût. Les gens, de plus en plus des aficionados à en croire l’évolution des réactions depuis mars dernier, sont hilares et se régalent de cette chorégraphie.

Mais quand les romains (lunettes noires et rouge à lèvre) s’éloignent de la croix et laissent Rufus entonner les premières notes de « Gay Messiah », les gorges se nouent et le silence se fait. 

Bilan évident : le mauvais goût n’est pas toujours où l’on croit …

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Une suite à ce billet, quant au VRAI mauvais goût : http://isatagada.blog.com/2006/04/25/vendredi-10-mars-rufus-et-son-legendaire-mauvais-gout-la-suite/