Rufus Wainwright au Trianon | 22.05.2007

Rideaux rouges et plafond peint, théâtre du Trianon, 20 heures ce mardi. Bien tôt pour un spectacle parisien. Pourtant Rufus Wainwright débarque sur scène, sans retard ni première partie, et surprend les nombreux retardataires encore entrain de s’installer. C’est donc au milieu d’un joyeux bordel (brouhaha général, rangées entières qui se lèvent pour laisser passer les indisciplinés) que le « pape de la pop » démarre son set. Le ton est donné. Et le dépouillement ne sera pas de rigueur ce soir. Pour cette série de concert, écrin de son album « Release The Stars » tout juste sorti dans les bacs, le groupe qui accompagne l’artiste fait la part belle aux cuivres et aux hommes. Exit les ravissantes choristes et les violons (Martha Wainwright, Juliana Ray ou encore Joan Waser ont de toute façon fort bien démarré leur carrière solo), place au cors de chasse, à la trompette, au saxophone et aux flûtes. Ni la simplicité ni la retenue ne font partie des choix actuels de monsieur Wainwright. Les musiciens sont nombreux (sept), les cuivres omniprésents, tous portent chemises et pantalons à rayures, couleurs vives et broches en strass tapageuses.

Comme le dira mon amie Isabelle un peu plus tard, le dandy flamboyant semble avoir définitivement tourné la page d’une époque plus torturée d’influence Leonard Cohen, pour s’ancrer définitivement, suite logique de sa récente série de concerts hommage, dans une ère plus festive façon Judy Garland. Rien n’est laissé au hasard, jusqu’au choix des titres des albums précédents qui n’accorde presque aucune place aux chansons plus intimistes. L’album Poses, que je distingue entre tous, est à mon grand damn, complètement mis de côté. Et hormis la très belle « The Art Teacher », c’est la très cinématographique « Go or go ahaead », les peu inspirées « Beautiful Child » et « Gay Messiah » ou encore « 14th Street » qui gagnent leur place sur scène. Franchement pas mes préférées… Faut-il poser les mots ? Je suis déçue je crois. Manque d’émotion, de moments rares qui font tout oublier. Et puis la première partie était trop rapide, comme s’il voulait en finir.

Trois instants pourtant, sauvent la soirée. La fantastique et presque irréelle performance vocale de l’artiste sur « Do I Dissapoint You », en harmonie totale avec l’orchestre, et en costume bavarois s’il vous plait. Véritablement bluffant tant la voix fait corps et se fond avec et dans la musique. La très belle  » Nobody’s of the Hook  » ensuite, qui ne m’avait pas convaincu sur l’album en raison de violons trop mièvres à mon goût, et qui réussit presque à m’embarquer totalement au Trianon en simple piano voix … Oui, sauf qu’au moment précis où je me sens glisser tout à fait vers la félicité absolue (enfin !), le clown de service s’emmêle les pinceaux et me réveille brutalement d’un  » oh fuck !  » pour lequel je l’étranglerais bien volontiers.

En rappel, je me régale de son délire jouissif de gosse heureux, travesti en Madonna de Cabaret, collants, rouge à lèvre et boucles d’oreilles qui scintillent, chapeau noir à large bord, talons aiguilles et veste de smoking, pour un  » Get Happy  » qui fait se lever une salle hilare et enthousiaste.

7 réflexions sur “Rufus Wainwright au Trianon | 22.05.2007

  1. Hello
    Moi aussi j’etais au trianon, et c’est marrant parce que j’ai eu egalement une impression bizzare en sortant, du genre, « est ce que je serais en train de me lasser ou quoi? » (non.. pas possible de se lasser de rufus!! – d’ailleurs je confirme, je ne suis pas lassee car depuis ce jour, j’ecoute l’album en boucle). Au final je ne peux pas dire que j’ai ete decue car je le trouve toujours aussi parfait tant dans sa voix que dans son interpretation, mais qq part, il me semble qu’il me manquait qch, mais je n’arrive pas a savoir quoi … peut etre que contrairement aux autres concerts, je ne connaissais pas assez bien « release the stars »… (sinon j’etais plutot dans le fond de la salle, et le son etait pas terrible, ca a du jouer ..).
    Enfin c’est bizzare… J’espere que le prochain concert me remettra sur le droit chemin ! aller, vivement !!! quand est ce qu’il revient???
    a+, et vive rufus !!
    Karine

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  2. Un jour, j’ai lu l’interview d’un musicien qui a déclaré « pour moi la musique doit être extrêmement riche ou extrêmement chiche ». J’adhère à ses propos, je n’aime pas l’entre deux.
    Rufus semble avoir la même philosophie et c’est bien. Il est dans le « riche » en ce moment ? Qu’importe, il n’est pas dans cet entre-deux.
    Mon ami bertrand priouzeau est discret mais je vais rapporter (vite fait) sa soirée du 22.
    Il a des contacts réguliers avec Matt Johnson depuis un ou deux ans à tel point qu’il lui sert de guide quand le batteur vient à Paris.
    La veille du concert il a pasé la soirée avec Matt et les 2 cuivres de Rufus à discuter. Les 3 musiciens ont même joué « sanssouci »…
    Il a eu des pass pour le 22.
    Et surtout pour l’after.
    Ca s’est passé chez Jarvis Cocker (plup) !!!
    Y’avait Arthur H.
    Ca ne vous dirait pas de faire les after de Rufus ? Et ben mon ami l’a fait.
    Bravo Bertrand ;o)

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  3. Comme tu le dis si bien: « ce type là reste en France et dans le monde un extra terrestre magnifique » et malheureusement, je rajouterai le grand public d’ici ou d’ailleurs n’est pas prêt à le recevoir. Le sera-t-il un jour ?

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  4. Malheureusement je n’ai pas pu y être et après t’avoir lu je me dis que j’ai manqué quelque chose, presque trois heures avec lui : là j’ai vraiment les …!
    En plus Go or go ahead et 14th street sont deux de mes titres préferés, ce dernier étant un très bon exemple d’une pop song à mon goût!
    Plus les cuivres… J’espère qu’il sera bientôt de retour!!!

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  5. Nous étions des indisciplinés,
    des novices du Rufus de scène,
    le concert m’a semblé irréel,
    quelques jours plus tard, je baigne dans une ambiance bizarre,
    je reste athée
    mais « Rufus is god », même décevant…

    à bientôt, et bravo encore Isa pour tout ce que tu fais pour le monsieur..

    AC

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