Questionnements existentiels …

Je télécharge gratuitement de la musique.

Je fais des photos et des vidéos de concert.

J’écris sur un blog et pour des webzines.

En fait, j’alimente internet autant que je m’en alimente. Peut être pas comme tout le monde encore, mais comme je sais que ce sera le cas, de plus en plus à mesure du temps qui passe. De façon irréversible.

J’adore cette modernité. Ce mélange de haute technologie et d’altruisme pur. Cette idée magique de « la Toile ».

J’ai grandi suspendue aux lignes incroyables des auteurs de science fiction. Dan simmons et son cycle d’Hypérion, Asimov, ses Robots et ses Fondations, ont laissé des marques durables.

Depuis que je suis môme, je sais qu’un jour nous dépasserons ces histoires de vitesse de la lumière pour voyager dans l’espace (après quelques désaccords profonds avec des hommes de peu de foi, inutile de vous dire comment j’ai accueilli la théorie des cordes ou encore certaines expériences du CNRS avec les atomes). La téléportation (ou quelque chose qui y ressemble) n’est selon moi qu’une question de temps.

Pour autant, j’ai toujours détesté les cours de sciences. Qu’elles soient naturelles, physiques ou chimiques, j’étais nulle. Plutôt une rêveuse qui savait que d’autres seraient plus douées pour mettre tout ça à l’étude et faire avancer le schmilblik. J’ai toujours eu la certitude que d’autres allaient s’en charger et que je serai la spectatrice émerveillée de toutes ces avancées forcément exponentielles. Toujours eu une vision idéale de cet avenir où la science oeuvrerait pour le bien de tous.

Et puis Internet (je suis bien forcée d’y mettre une majuscule) est arrivé. Née du cerveau de jeunes universitaires sans doute aussi enthousiastes mais surtout bien plus capables que moi. Et tout y était en fait. La technologie bien sûr, mais aussi cet espèce d’idéal de partage qui paraissait sans limites, tendant vers un infini désormais tangible.

Mouais.

On était bête un peu. On aurait du se méfier. Mieux lire, parfois entre les lignes, parfois même pas.

Parce que toutes ces histoires d’avenir mettaient déjà en scène les travers de ces évolutions. Les monstres qui se retournent contre leurs créateurs. Les super-cyber-cerveaux alimentés par tous, sortes de vampires incontrôlables. Les humains réunissant pas après pas les conditions de leur propre perte.

On avait beau se moquer, sûr d’être plus malin, on y est presque.

La musique a perdu le tiers de ses revenus depuis 2002. Qui financera les artistes de demain ?

Les photographes d’avant, ceux qui avaient « l’oeil », n’en n’ont plus pour longtemps. Pourquoi payer pour ce qui est désormais à la disposition de tous ?

La presse écrite résistera t’elle, alors que les infos circulent à une vitesse qu’ils ne peuvent plus suivre. Comment s’assurer de sa fiabilité désormais ?

Il y aurait d’autres exemples alors qu’Internet lui même, bouclant la boucle, commence déjà à s’auto-dévorer.

Je m’en rends compte tous les jours. Avec des résultats de recherche Google qui amènent sur des sites sans contenu, se nourrissant des autres. Avec d’autres dont j’ai fait l’expérience personnelle, comme « Ulike », qui m’avait appatée avec le sacro saint argument de la visibilité (pour eux, certes !) : non seulement ils m’apportaient très peu de visites mais en plus leur site sortait avant le mien sur les résultats de recherches !!! Trop, c’était trop !!! D’autant qu’au quotidien, tous ces petits malins génèrent des recettes publicitaires simplement pour avoir créé un « contenant », tandis que de pauvres naïfs travaillent pour eux quasiment sans contrepartie. Cherchez l’erreur.

C’est un peu devenu légion sur le net, ces sites qui se créent sans apporter aucun contenu mais en vivant sur celui des autres.

Tout ce système est voué à l’échec : à plus grande échelle, le net va tuer peu à peu les contributeurs en s’en nourissant de la sorte. Moi encore, je n’en vis pas, peu importe. Mais quid des meilleurs, quid des pros ? Leur regard sur les choses, leur filtre était (j’en parle déjà au passé) important, je m’en rends compte un peu plus chaque jour. Les contenus vont s’appauvrir et au bout d’un moment, que restera t’il ? Et qui en vivra ? L’informatique c’est bien, mais restera t’il d’autres voies pour gagner sa vie dans ce monde que nous contribuons tous à créer aujourd’hui ? Et tout ça ne finira t’il pas en une immense exposition de boites vides ?

Il faut réinventer un système avant qu’il ne soit trop tard. Parfois je me demande quel monde nous sommes en train de léguer à nos enfants …

Et si je trouve tout ça passionnant,  si j’ai beau me poser un tas de questions, je n’ai encore trouvé aucune réponse.

Un peu comme pour l’industrie de la musique en somme. On se dit qu’il y a forcément de nouvelles façons de faire, mais que personne ne les ait encore trouvées est assez flippant quand même !

On ne reviendra pas en arrière je crois. Et ce serait dommage. Mais comment s’adapter sans détruire ? L’éthique, la morale, ont elles encore un sens ? Comment aller intelligemment vers demain ? 

Parfois je me dis que nous allons revenir au mécénat.

Je n’ai pas trouvé mieux pour l’instant. Et vous ????

3 réflexions sur “Questionnements existentiels …

  1. Le téléchargement gratuit à lui seul n’explique pas la baisse des ventes, loin de là. C’est plutôt une industrie qui a été incapable d’évoluer (les majors) qui paie les pots-cassés de son incapacité à comprendre la société.
    La preuve, pour contourner Hadopi, certains sont prêts à PAYER des VPN…

    Quant à la photo, si TOUS les photographes de concert avaient le même discours, au lieu de se laisser embobiner par des promesses..

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