Eiffel et les Stuck in the Sound pour un même Zénith, la soirée ne pouvait être qu’exceptionnelle.

Mais avant de sauter partout, le premier contact avec le Zénith sera folk et mélancolique, avec un Julien Pras seul en guitare (et jolie) voix qui aura bien du mal à se faire une place au milieu du brouhaha ambiant.

Quant à moi, j’avais décidé que je vivrais ça dans la fosse, et j’y étais. Genre 5ème rang debout, plein centre, au milieu des fans hardcore ; dans le crowd, dans la sueur, dans les (gentils) pogos, dans les hurlements, dans la joie de tout ça : dans la fête.

Dès l’entrée en scène des Stuck in the Sound, je me retrouve ainsi m’époumonant au milieu de la foule en compagnie des « Stuck Addicts ». On remarque la coupe de cheveux ultra courte de François le batteur, la petite chemise de Manu à la guitare, et la transformation spectaculaire d’Arno à la basse, qui s’est considérablement affiné.

En guise d’intro, l’enchaînement What! / Shoot Shoot se charge de mettre les points sur les « i ». Ça démarre fort,  et donne d’entrée de jeu la mesure de la voix haut-perché de José, assez phénoménale en live. A l’entendre, on pourrait croire que c’est la chose la plus naturelle au monde. Il faut dire au contraire à quel point c’est extra-ordinaire, dans le sens premier du terme.

Les Stuck affichent toujours cette énergie incroyable et cette grosse générosité qui les caractérisent. Le batteur est aussi un choriste hors pair, et José, en leader infatigable, vient comme à son habitude à la conquête du public jusqu’en bord de scène, brandissant sa guitare comme un étendard. Nouveauté, je reste un peu scotchée sur le bassiste dont la transformation physique semble également avoir libéré le jeu de scène, ce qui rend sans conteste la formation plus homogène et partant, plus percutante encore.  

Las, la set list m’est trop courte, malgré notamment un Ouais à s’en faire pêter les cordes vocales, un Toy Boy plus efficace que jamais, et deux nouveaux titres à retrouver sur un leur 3ème album à venir.

S’ils leur pardonnent d’avoir prolongé l’attente, on espère que  les fans d’Eiffel-et-d’Eiffel-seulement auront fait là une belle découverte.

 

 

Place à Eiffel, qui débarque avec un premier titre surprenant (une reprise des Beatles), sous les premières clameurs de fans souvent de longue date, ravis de les voir enfin dans une salle à la mesure de leur talent. Minouche, qui lui succède, n’est pas seulement engagée : elle achève de les accueillir sur un très beau titre aux paroles en forme de message (« rien de toi ne m’est étranger »), l’un des tous meilleurs du dernier album (avec Je m’obstine).

Romain Humeau est particulièrement en forme ce soir. Plus qu’en forme d’ailleurs, carrément heureux. Alors qu’on a pu lui reprocher dans le passé une forme d’agressivité qui se ressentait jusque dans sa façon de chanter, le bordelais balance un chant qui n’a jamais été aussi mélodique. A voir l’excellent Nicolas Bonnière (Dolly, Manu) s’être emparé de la guitare, on se dit qu’il faut  peut être lui accorder une part de ce tournant mélodique qu’il seconde avec des guitares au son peut être plus pop, dont une Gretsch éblouissante qu’on lui piquerait bien. Le glissement d’Estelle à la basse lui laisse les coudées franches pour habiter pleinement une scène dont il s’empare sans demander son reste, pour une sorte d’orgasme qui n’en finit pas.

A tout moment la rue lève les derniers doutes quant à la venue de Bertrand Cantat. Pas question ce soir d’un happening autre que celui que doit être ce concert d’Eiffel au Zénith de Paris, avec un invité exclusivement musical en la personne de Joe Doherty, aux cuivres et au cordes. Le Zénith s’est lâché tout à fait, et reprend à tue-tête des « NON ! NON ! » plus que jamais d’actualité.

De titre en titre, balayant ses quatre albums, le groupe semble libérer ce qu’il a de meilleur. Si la tension est toujours là, elle est positive comme jamais elle n’a été, presque euphorique, en forme de don réservé à un public dont il entend rester proche. De ce point de vue, rien n’a changé depuis le Bataclan où Romain Humeau avait lancé en fin de set : « venez au Bataclan Café ! On prolonge là bas ! » (il l’avait fait). Ici, au Zénith,  c’est directement en fosse que le groupe jouera deux titres acoustiques. Au milieu des gens assis, le silence s’est fait religieux pour un moment suspendu, émouvant et fort, symptomatique du respect mutuel entre l’artiste et un public en communion. Rare.

Entre les moments de partage en fosse, les morceaux  puissants ou poétiques (du François Villon, du Boris Vian), un jeu live et un chant enfin au niveau des albums, les petites blagues maison et le sourire éblouissant de Romain Humeau sous les lumières du Zénith,  j’ai la nette impression d’avoir vécu là mon meilleur concert d’Eiffel, de très loin.

Ca lui va bien au Romain, le succès. Je suis contente pour lui, pour eux, pour les fidèles ahuris.

Fin du concert à minuit, après quatre heures entre tendresse et folie, musique et amitié. J’ai la voix cassée, les muscles endoloris, mais je suis comme encore imprégnée de cette fosse ; pas seulement de la sueur, mais de la chaleur aussi, de l’authenticité. 

Coeur, conviction et Rock n Roll.

Merci pour la fête !

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Set List Eiffel* : Tomorrow never knows (Beatles) / Minouche / Le coeur Australie / Il pleut des cordes / Saoul / Ma part d’ombre / Tu vois loin / Mort j’appelle (Villon) / A tout moment la rue / Sous ton aile / Je m’obstine / Bigger Than The Biggest / Disperses / Nous sommes du hasard / Inverse-moi / Sombre ///
Encore 1 : Chamade / Les yeux fermés / Ma nebuleuse mélancolique / Clash / Ma blonde / Where is my mind (Pixies) / Hype ///
Encore 2 : Je ne voudrais pas crever (Vian)

* Merci à cheche, du forum d’Eiffel.

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Photos et vidéos : Isatagada

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http://www.myspace.com/julienpras
http://www.myspace.com/stuckinthesound
http://www.eiffelnews.com/

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