Les mardis de novembre sont des occasions de paradis. Après Tamino la semaine dernière, rendez-vous était fixé avec les Canadiens de Half Moon Run. Autre style, même résultat : pendant une soirée, on oublie tout pour ne plus que savourer le moment.
Tout avait commencé sous les meilleurs auspices, avec le plein d’amis dont certains pas vus depuis longtemps, et un premier rang obtenu sans difficulté. Le Trianon est une très belle salle, aux allures de théâtre, construite en 1894, et rien que le décor est un régal. Le petit gars (Leif Vollebekk, bien sympa), qui fait la première partie, ne manque pas d’ailleurs de s’extasier (devant le lieu ? les gens ?) et d’affirmer que c’est ce qu’il a « vu de plus sexy » de toute la tournée,
Mauvais élève, on n’a entendu du tout dernier album, A Blemish in the Great Light que Favourite Boy. Pas réellement convaincu au départ par le style, qu’ils ont voulu croisement entre Dire Strait et Tame Impala, le clip a réussi l’exploit de nous retourner complètement. Véritable court métrage plutôt très réussi grâce à son story telling, il parvient à nous faire nous intéresser aux paroles de la chanson, passer les chœurs (un peu trop polyphonie-corse à mon goût) jusqu’à les fredonner sans y prendre gare, et finalement goûter les sonorités vintage du titre. Ce soir, on retiendra aussi le 1er single, Then Again.
Pas fan non plus du 2nd opus qui nous avait ennuyé ferme (on vous a quand même filmé Sun leeds me on, en version mandoline guitare voix façon feu de camp), on attend véritablement qu’une seule chose en concert, les titres de Dark Eyes, THE album, qu’on écoute encore toujours autant 7 ans plus tard. A croire qu’on n’est pas seuls, car la salle semble s’éveiller enfin complètement au moment de l’enchaînement Call me in the afternoon / Drug you / She wants to know.
Que ce soit aussi le moment où Devon, dont la petite moustache le fait ressembler ce soir à Johnny Depp comme deux gouttes d’eau, tombe la chemise de bûcheron pour ne plus arborer que son sempiternel marcel décolleté jusqu’au trognon, n’est peut-être qu’une coïncidence, mais on y croit moyen. En tout cas, ces titres sont de loin les meilleurs, comme Full Circle, lui encore issu de Dark Eyes et joué en 1er rappel. Avec deux batteries et un tom, la rythmique prend tout son sens sur ces morceaux, qui, avec son leader à la voix claire et parfaite, sont le principal atout du band canadien. si vous n’avez jamais vu un batteur jouer à la fois de son instrument, de la voix ET du clavier en même temps, il faut voir She wants to know en live : c’est bluffant.
Le concert du Trianon est l’avant dernier de leur tournée européenne avant le retour à Montréal, et c’est peut-être pour cette raison que le groupe semble particulièrement heureux et détendu. Il s’offre d’ailleurs le luxe d’un second rappel, avec une reprise de Neil Young même pas prévue sur la set list (c’est rare).
On n’a pas du tout envie de partir, on continuerait bien à chanter et danser avec eux jusqu’à pas d’heure.
Et surtout, on aurait bien repris encore un peu de Dark Eyes en live, histoire de se régaler une dernière fois de ce showman au charisme extraordinaire qu’est Devon Portielje, qu’on adore décidément voir prendre son pied sur scène, partir dans des solos de guitare épiques, exceller au tom, sauter partout et en fin de compte, nous embarquer avec lui dans une bulle de bonheur.
La belle, belle soirée ❤