Fantastique Sam Fender @ la Cigale | 24.02.2020

En chroniquant le 1er album de Sam Fender, j’avais tellement aimé le disque que j’avais dans l’idée que la scène ne pourrait sans doute jamais avoir autant de saveur que le studio.

J’avais tort.

Parce qu’en live, Sam Fender c’est un festival. Non content d’être un vocaliste doublé d’un guitariste hors pair, auteur de textes d’une gravité qu’on n’imagine pas pour un jeune homme de 25 ans, l’anglais de North Shield, dans un accent à couper au couteau, harangue son public, raconte des histoires, demande qui fête son anniversaire pour mieux le célébrer en chantant lui-même (après avoir tenté, en vain, de le faire chanter en français par son guitariste, français, Tom), imite Donald Trump, loue notre capacité à faire la grève (avant White Privilege), poursuit des discussions entamées plus tôt sur son compte Instagram (sur lequel il publie des vidéos prises depuis son tour bus), se marre en mode « private joke » avec son pote guitariste à la fin d’un titre et en bref, se comporte à la Cigale comme avec une bande de potes en soirée, musiciens ou spectateurs.

Il n’est, d’ailleurs, pas le seul à tenir la vedette sur scène. Car on a un peu de mal à détacher les yeux du clavier-guitariste, en haut sur l’estrade, qui a l’air particulièrement en forme. Peut-être même que sa façon qu’il a de se toucher le nez plus souvent qu’à son tour nous éclairerait sur l’hypothétique potion magique qu’il aurait prise avant de monter sur scène. Nous ne le saurons jamais mais en tout cas, il s’est autant fait plaisir qu’il nous a fait plaisir.

Si on regrette toujours autant d’avoir manqué le Supersonic (en avril 2018) et la Maroquinerie (en novembre 2019), on se régale à la Cigale d’entendre des versions live de Hypersonic Missiles mais aussi de découvrir Greasy Spoon, qui date de 2017 et Hold Out, le petit dernier sorti peu de temps avant cette Cigale.

Les chansons de Sam Fender ont en commun qu’on a envie de toutes les disséquer : intro, guitares, progression du morceau, batterie, paroles, tout attire l’oreille, tout interpelle, force l’admiration. Idéalement placée sur la coursive en hauteur, je vous ai filmé mes préférées : Dead Boys, écrit après le suicide de deux de ses amis, Play God, son tout 1er single, dont le côté politique ne l’empêcha pas d’illustrer le jeu Fifa19, le poignant Leave Fast, au texte percutant (« the old man told me to leave fast, or stay forever »), qu’il interprète quasi seul sur scène et sur lequel on retrouve des vocalises dignes d’un certain Jeff Buckley, That Sound, magistrale dans sa construction et sa rythmique.

Certes, on a râlé pour la façon bien à lui qu’a le public anglais (venu en force) de parler en continu, même sur les titres les plus émouvants, mais d’un autre côté, on ne peut que les remercier d’avoir mis une telle ambiance en reprenant la plupart des paroles par coeur. Quels moments que ces « Ohohoh » de Hypersonic Missiles chantés à l’unisson par une salle en totale osmose avec le nouveau prodige british, ou que ce Dancing in the dark en final, qui couronna définitivement le saxo autant que l’inspirateur évident, Le Boss.

On se demande ce qu’attendent les français pour découvrir enfin cet artiste qui a tout pour lui. Faut-il vendre sa belle gueule pour éviter une nouvelle salle à moitié remplie seulement ? La qualité des titres, ou même sa voix, si parfaite en live qu’elle l’a été dès ses 1ers concerts dans les plus petites salles, ne devraient-elles pas suffire ?

On ne s’étonne pas qu’Elton John l’aime au point de l’avoir rejoint sur scène lors de l’after de la cérémonie des Oscars ou bien qu’il fasse déjà la première partie de stars confirmées, comme The Killers à Londres en juillet prochain.

Mais nous, franchement. Nous. Qu’est-ce qu’on attend pour accueillir dignement le meilleur singer-songwriter actuel ?

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Set list :

Sam Fender @ Paris, la Cigale 2020

Photos (c) Isatagada (toute la série sur Flickr ICI)

 

Vidéos (c) Isatagada

Huit titres filmés sont disponibles en playlist :

 

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