DIIV au Trianon – Retour de live [report] | 10.03.2024

Dans mon TGV pour Lannion (ma maman s’est fait opérer du col du fémur et je pars télétravailler chez elle pour l’assister comme je peux), je repense à mon concert de DIIV.

Un groupe de guitares, mais pas que.

Un groupe qui trouve écho en moi sur bien des aspects.

J’aime leur look d’étudiants attardés, comme si les contraintes de l’âge adulte ne pouvaient pas les atteindre dans ce costume protecteur.

J’aime la pudeur qui transparaît dans les lumières de scène, qui les épargnent 90% du temps.

J’aime par dessus tout l’humilité du chanteur qui n’a jamais voulu être un « frontman » et occupe une place de côté – quel autre groupe a déjà adopté ce plan de scène ?

J’aime sa voix apaisante et douce, sa façon de rester en retrait jusque dans le chant. Ses petites lunettes cerclées de fer et ses cheveux raides (je ne saurai dire pourquoi, ses cheveux raides et longs de Rock en Seine m’ont marquée, comme s’ils complétaient parfaitement le personnage de celui qui ne grandissait pas ; ce soir ils sont coupés, mais le sentiment « Peter Pan », que j’ai en le regardant, demeure). J’aime que cette réserve contraste visuellement avec sa posture engagée, le corps souvent penché en avant, la jambe d’appui légèrement pliée, l’autre écartée vers l’arrière, comme pour une impulsion, comme s’il allait se lancer dans une vague à la Thugs.

J’aime les positions de flamand rose du guitariste, que je n’ai malheureusement jamais réussi à capturer. J’aime qu’il s’expose en milieu devant de scène tout en gardant sa capuche le plus longtemps possible – cette capuche qui me fait penser à José des Stucks (coïncidence ou pas, le début de Soul-net m’a ramenée instantanément à leur Zapruder). J’aime qu’il prenne son pied à danser et qu’il prenne l’air (un peu) méchant.

J’aime la basse. J’aime tellement la basse !

J’aime les longs passages instrumentaux, planants, favorables à l’instrospection, souvent rythmés pourtant. Le headbanging s’impose, et même lorsqu’il est lent, il importe, irrésistible. The Cure, My Bloody Valentine, Radiohead, les influences sont marquées. J’aime infiniment ces influences là.

J’aime le bien-être général qui se dégage à leur écoute et en leur présence. Pas d’enjeu, pas de paraître, pas de sensation de décalage entre la scène et le public, juste eux et nous, ensemble. Des sourires, les mouvements des corps et le plaisir d’être tous là pour la musique. Une bulle. Une safe place.

Pour le cérébral, le groupe semble explorer plus que jamais nos bons vieux questionnements existentiels. Ce que l’on fait au monde. Ce que le monde nous fait. La plus impérieuse que jamais nécessité de penser par soi-même. De ne pas se laisser endormir (Frog in a boiling water est le titre parfait du nouvel album).

Hormis Blankenship et Doused, qui a fait sauter dans tous les sens, la set list est plus pesante et torturée que dansante, ce qui n’aura pas forcément été du goût de tous. Mais je comprends. Et j’aime ça aussi. J’ai envie de creuser cette proposition.

C’est la direction de ce nouvel album, qu’il faudra revoir en live quand on l’aura pleinement apprivoisé, et qui, dans son discours autant qu’à travers ses visuels minimalistes crades et ses textes parlés, fait beaucoup penser à OK Computer (Fitter Happier) et au W.A.S.T.E de Radiohead.

Le mini site web créé pour la chanson Soul-net est à visiter absolument https://www.soul-net.co/

Je vous laisse avec les titres filmés depuis le fond du 1er balcon, enchaînés en playlist, en commençant par le dernier, Doused, que tous attendaient.

N’omettez pas de jeter une oreille à la 1ère partie, Noa Lee, qui nous a bien plu (vive nos amis belges !).

Et surtout, écoutez DIIV si ce n’est pas encore fait.

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