Superbe soirée à la salle Pleyel, pour mon anniversaire en avance (merci Marie !) et malgré l’absence de celle dont le silence était assourdissant, Annie Lennox ayant mis fin à sa carrière malgré quelques rares apparitions.

Comme personne n’y peut rien changer de toute façon, il aurait été inutile de bouder notre plaisir devant l’énormité de la rétrospective, et le déluge impressionnant de tubes des années 80 qui ont composé la bande son de mon adolescence.

Pour l’occasion, Dave Stewart était accompagné d’un casting 100% féminin : claviers, batterie, saxophones, harmonica, basse, chant et/ou chœurs, les femmes n’ont pas seulement brillé par la grâce de leur costumes pailletés, ce qui aurait infiniment plu à Lola Frichet*.

Toutes ont rivalisé de talents aux côtés d’une star masculine qui n’a eu de cesse de les mettre en valeur, se faisant souvent tout petit en extrémité de scène, rendant l’exercice plus joli encore.

On l’a souvent dit : les meilleurs sont souvent les plus humbles. L’adage s’est confirmé une fois de plus avec le grand Dave Stewart.

Alors c’est vrai, l’immense Annie nous a manqué, et personne ne pourra jamais sans doute la remplacer. Surtout pas Kaya Stewart, la seule selon son artiste de père à être suffisamment légitime pour interpréter There must be an angel, et qu’on aurait aimé trouver à la hauteur – mais qui le serait ?

Dave Stewart aura beau nous dire qu’elle chantait le titre sur les genoux d’Annie Lennox dès l’âge de cinq ans, on ne pourra pas s’empêcher de penser que les pères ont parfois l’oreille indulgente.

Qu’à cela ne tienne. Même sans Annie Lennox, c’était un régal de réentendre ces vieux refrains jamais oubliés, de prendre son pied avec des arrangements plus organiques que synthétiques (mention spéciale pour les joueuses de saxophones et d’harmonica), de voir une scène pleine d’instruments et de musiciens (jusqu’à dix !), de goûter des moments plus acoustiques (Miracle of love dans sa sublime simplicité, en guitare voix et rien d’autre), d’entendre Dave Stewart raconter ses anecdotes en français et en anglais (il a vécu à Paris, et allait déjeuner à pieds à la Coupole « avant, quand c’était bon! »), et enfin de vivre un très beau moment de musique partagée, sous des lumières très réussies.

Quand, pour les 4 derniers titres, la choriste originelle, Joniece Jamison (67 ans en décembre), viendra chanter à son tour, la salle Pleyel se lâchera enfin, osant se lever pour danser, chanter, et rendre un vibrant hommage à nos héros, capables de ressusciter les temps disparus de nos (moins de) vingt ans. Il était temps !

Impossible de ne pas évoquer, en guise d’épilogue, la première partie, KaS Product, dont je n’avais jamais entendu parler. J’ai bien senti qu’ils n’avaient pas totalement convaincu, et pourtant j’ai retrouvé chez ce trio les réminiscences d’une vibe années 80 de qualité supérieure. Un bassiste à mèche qui nous sort des sons à la Simon Gallup en toute décontraction, une table électro pas dégueulasse du tout, et une chanteuse guitariste (parfois batteuse) façon Nina Hagen, avec un petit supplément punk : l’ensemble avait de la gueule.

Renseignements pris, Mona Soyoc et Spatsz avaient fondé KaS Product à Nancy en 1980, produisant trois albums, jusqu’à leur séparation en 1988. Surfant sur une vague new wave avérée, ils avaient eu leur petit succès. Mais ce sont surtout leurs sons électros avant gardistes qui avaient forgé leur réputation au delà des frontières de l’Hexagone.

Malgré le décès de son acolyte en 2019, Mona Soyoc a donc récemment relancé le projet, en y invitant notamment Pierre Corneau, ancien bassiste de la formation mythique rennaise Marc Seberg, le groupe de Philippe Pascal après Marquis de Sade. Un peu la classe, selon moi.

Ce sera tout pour aujoud’hui. Vous pouvez reprendre une activité normale, et surtout écouter la voix fantastique de Joenice Jamison, que je vous ai rapportée de Pleyel, sur la vidéo postée plus haut.

Marie, encore mille et mille merci pour cette soirée ensemble. C’était un merveilleux cadeau !

*Lola Frichet, bassiste du groupe Pogo Car Crash Control, est à l’origine mouvement « More Women On Stage ».

Line Up : Dave Stewart – guitars / Vanessa Amorosi – vocals / RAHH – vocals / Kaya Stewart – vocals / Hannah Koppenburg – keyboards / Indiara Sfair – harmonica & backing vocals / Julia Lamb – bass guitars & backing vocals / Ellie East – drums
(Merci Bernard Dumas pour les infos sur le line up !)

Photos Eurythmics (c) Isatagada : https://flic.kr/s/aHBqjB3pME

Photos KaS Product (c) Isatagada : https://flic.kr/s/aHBqjB3ush